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Publié le 20 janvier 2022

Jeux Olympiques VS Futurous Games

Comment le choix des disciplines sportives est un enjeu stratégique pour rendre le spectacle sportif plus attractif ?

 

Pour le CIO, le choix des disciplines olympiques, dont le chiffre semble fixé à 28, est pour chaque nouvelle Olympiade source de questionnement : quelles disciplines sacrifier et au profit de quelle nouvelle discipline ?

Un casse-tête dont les enjeux sont multiples : maîtriser les coûts, simplifier l’accueil des athlètes et l’organisation des épreuves, rendre le spectacle attractif…et surtout s’adapter à l’évolution du monde, à ses valeurs comme à ses attentes et…ses innovations.

Chaque pays hôte y va de ses suggestions pour la petite liste des « sports additionnels » (mais le mot de la fin revient toujours au CIO) qu’il s’agisse du reste de réintroduire une discipline tombée aux oubliettes ou écartée depuis une ou plusieurs Olympiades, ou carrément d’innover.

#Paris2024 reconduira ainsi les trois sports additionnels présents à #Tokyo2020 : Escalade, Surf et Skateboard auxquels s’ajoutera le Breakdance. Le Karaté présent à Tokyo disparaîtra de nouveau…

Dans ce lobbying à l’échelle planétaire, on a bien vu que l’esport avait tenté une incursion, sans véritablement faire – pour l’heure – encore « son trou ».

L’esport aux prochaines Olympiades, est-ce la solution pour donner un regain d’intérêts aux JEUX OLYMPIQUES dont l’attractivité ne gagne a priori plus les jeunes générations ? (I)

Peut-être que le CIO tient là une réponse à son déclin d’audience auprès des jeunes. Mais le CIO n’est-il pas tout simplement déjà dépassé par un concurrent qui a tout compris : les FUTUROUS GAMES ou les « JO de l’Innovation » ? (II)

I – la lente et laborieuse intégration de l’Esport aux Jeux Olympiques :

A/ Les premiers rapprochements Esport/JO avec et l’épineuse question des valeurs de l’Olympisme:

En octobre 2017, le mouvement olympique a ouvert la porte à des discussions pour évoquer une éventuelle intégration de l’esport et reconnu que « le jeu électronique de compétition comportait une certaine activité physique pouvant être comparée à celle de sports plus traditionnels »[1].

Un premier pas a été franchi à l’occasion des Jeux Asiatiques (reconnus par le CIO) en Indonésie en 2018 avec l’intégration de l’esport aux épreuves de démonstration, sachant qu’il deviendra une discipline à part entière aux mêmes Jeux Asiatiques à Hangzhou en Chine en septembre 2022[2]. Et un tournoi de Starcraft a eu lieu en marge des avant-derniers JO d’hiver en Corée du Sud.

Toutefois Thomas Bach, Président du CIO, trouvait fin 2017 qu’il était encore trop tôt, certains aspects de la discipline devant être précisés, et qu’il devrait exister un organisme qui garantisse la conformité à la réglementation du mouvement olympique, l’anti-dopage, les paris, les manipulations, ainsi qu’un questionnement sur les valeurs de l’esport, le CIO ne voulant rien avoir à faire avec les jeux électroniques violents[3].

Le CIO faisait alors une distinction entre les jeux de simulations de sport et les autres jeux vidéo, n’étant enthousiaste que vis-à-vis des premiers.

B/ L’esport aux jeux de Tokyo2020

L’Intel World Open: Le CIO a enfin organisé en marge des JO de Tokyo2020 son premier tournoi d’esport « l’Intel World Open » sur deux jeux : Rocket League et Street Fighter V, (lequel constituait bien au passage un jeu de combat consistant à mettre KO son adversaire… )
Malheureusement cet évènement s’est déroulé dans un « relatif anonymat », joué exclusivement en ligne pour cause de pandémie, provoquant une légitime déception chez ceux qui ont eu l’honneur de porter pour la première fois un maillot national.

Les Olympics Virtual Series :

Une autre – timide – démonstration de rapprochement entre l’esport et les Jeux Olympiques fut les Olympics Virtual Series (OVS). Avec ce tournoi en mai et juin 2021, le CIO a organisé le premier évènement esportif sous licence olympique, déclarant instaurer une « passerelle entre l’olympisme et le sport électronique »[4] mais sans surprise uniquement sur des jeux vidéo de simulation de sports réels : la voile avec Virtual Regatta, le cyclisme avec Zwift, le baseball avec eBaseball Powerful Pro Baseball 2020, la course automobile avec Gran Turismo, et enfin l’aviron sur un simulateur.[5]

Malheureusement les informations sur l’évènement ont été diffusées au compte-goutte, avec peu de visibilité et d’anticipation pour connaître les conditions de participation (d’autant que la course de cyclisme était ouverte à tous et gratuite, mais fallait-il le savoir !) En outre, le choix des jeux n’a pas toujours été compris, (par exemple, le jeu de baseball, populaire en Asie n’était pas disponible en Occident. La compétition n’a donc été ouverte qu’aux seuls joueurs du Japon, de Corée et de Taïwan, ce qui n’est pas vraiment conforme à l’esprit d’ouverture revendiqué par le CIO).

Cette première expérience a donc ouvert la voie ; le CIO envisage fortement de faire des sports virtuels une discipline médaillable pour Los Angeles (LA2028)[6] selon ce qu’indique Kit McConnell directeur des sports du CIO.

Pour autant, c’est à se demander si le CIO n’est pas d’ores et déjà dépassé, n’ayant pas entrepris suffisamment tôt le grand virage de l’innovation, en intégrant aux Jeux Olympiques des disciplines tellement plus excitantes que… l’haltérophilie (pardon pour les adeptes et licenciés de ce sport, mais ce n’est malheureusement pas un sport qui donne à « regarder »), le tir ou la pétanque : bien que dépoussiérant systématiquement la liste de ses disciplines olympiques le CIO reste peu tourné vers les activités intégrant de la technologie, au contraire des FUTUROUS GAMES :

II – Les futurous games ou comment reconcilier la jeune generation et les JO :

A l’automne 2023, la Russie organisera les premiers FUTUROUS GAMES de l’histoire ; il s’agit de concilier le sport et la technologie, (en assumant ce mariage d’amour et de raison contrairement au CIO !) : 9 jours de compétitions, opposant 2000 athlètes, devant 300 000 spectateurs.

Les FUTUROUS GAMES ce sont des championnats pour tous, inclusifs, qui sauront parler aux jeunes générations (compétitions par équipes, composées d’humains et de robots, de para-athlètes et d’athlètes, d’hommes et de femmes, avec en outre l’implication du public) et surtout des catégories tellement plus « fun » que nos sports traditionnels : cinq galaxies sont d’ores et déjà envisagées : l’Esport – en tête naturellement, mais encore, « la Technologie de la mobilité » (ou e-motion), « la robotique et les exosquelettes », la « réalité virtuelle et augmentée » et enfin les « nouveaux sports » comme du surf tiré par un drone ! Son initiateur le Français Philippe BLANCHARD cite les épreuves imaginées : courses de drones, chorégraphies dans des simulateurs de chute libre, murs d’escalade cinétiques, tournois de jeux vidéo, démonstrations de robots, matchs de foot en réalité virtuelle…[7]

Ainsi, là où le CIO refuse d’opérer un virage radical et nécessaire, les FUTUROUS GAMES viendront peut-être finalement réveiller les jeunes et leur donner envie d’assister à des spectacles sportifs d’un genre nouveau.

On attend avec impatience le début de la compétition en espérant sa large diffusion sur les médias utilisés par la nouvelle génération.


[1]  Auteur inconnu L’Equipe 09/12/2018 Jeux Olympiques : l’esport attendra – L’Équipe (lequipe.fr)  voir bibliographie

[2] 8 disciplines médaillables pour Hangzhou 2022 sur différentes plateformes (PC, console, mobile…) :

League of Legends, DotA 2, Hearthstone, Arena of Valor, Dream Three Kingdoms 2, FIFA, PUBG Mobile, Street Fighter V

[3] Les trois valeurs de l’Olympisme sont « excellence, amitié, respect ». Thomas Bach a rajouté « ensemble », à l’occasion de la pandémie de coronavirus ayant abouti au report de la XXXIIè Olympiade TOKYO 2020.

[4]Le Monde 22/04/2021 JO : le CIO va lancer les premières compétitions d’e-sport sous licence olympique (lemonde.fr) par auteur inconnu voir bibliographie

[5] L’Equipe.fr 11 mai 2021 « Le CIO mise sur le sport virtuel physique » par P. Arrivé et autre voir bibliographie

[6] L’Equipe 1er juin 2021 Le CIO envisage des sports virtuels pour les JO 2028 par auteur inconnu voir bibliographie

[7] « Escalade cinétique, surf tracté par un drone…A quoi ressembleront les « Jeux Olympiques du futur » ? » par Norédine Benazdia Usbek&Rica 21 mai 2019